Mali : Le bien-être des migrants préoccupe le gouvernement de transition
La problématique de la carte NINA continue de faire couler assez d’encre et de salive, notamment au niveau de la diaspora malienne, où le processus de régularisation des Maliens établis hors de l’Afrique, surtout ceux en situation de clandestinité, exige une carte NINA en bonne et due forme. Cette situation préoccupe énormément le gouvernement de la transition qui vient de joindre l’acte à la parole. En réceptionnant le vendredi 3 juin 2022, 14191 dossiers des Maliens établis en France, le ministre de Ministre des Maliens établis à l’Extérieur et de l’Intégration africaine, Alhamdou Ag ILYENE les a aussitôt transmis au délégué général adjoint, Boubacar N’DIAYE.
Mise en œuvre en 2006 pour supplanter progressivement la carte d’identité nationale, la carte consulaire ou d’autres pièces moins sécurisées, la carte NINA a été très vite perçue comme une solution pour fiabiliser le fichier électoral malien et doter l’administration malienne d’une base de données fiables sur l’identité civile de tous les citoyens maliens. Toute chose salutaire, car au-delà d’être un outil électoral, la carte Nina est devenue un document indispensable dans le processus administratif du pays, au point où l’obtention de certains documents est liée à la présentation de la carte Nina ou de la fiche individuelle descriptive. D’ailleurs un arrêté ministériel lui a conférée la même valeur que la carte d’identité nationale et la carte consulaire.
Malheureusement, cette carte NINA est devenue aujourd’hui un problème majeur pour les Maliens, notamment ceux vivant hors du pays en vue de l’obtention de leur passeport. La crise de carte Nina vient du fait des dysfonctionnements relatifs à l’indisponibilité des services publics à répondre favorablement aux demandes des citoyens, de la difficulté d’accès et de correction des données NINA, du racket et de la corruption de certains agents de l’État. Toute chose qui a poussé la diaspora à exiger la dissociation de la carte NINA du Passeport.
En décembre 2020, un mouvement dénommé le contrôle citoyen de la Diaspora du Mali a lancé un cri de cœur au travers d’une conférence de presse, sur la problématique de la carte NINA.
En avril 2021, le président du Conseil Supérieur de la Diaspora malienne, Chérif Mohamed HAÏDARA et les membres de son bureau exécutif ont été reçus par la commission de l’Administration Territoriale, de la Décentralisation, du Culte et de la Réconciliation Nationale du Conseil national de la Transition, sur la situation préoccupante liée à la problématique de la carte NINA.
Lundi dernier, le Premier ministre Choguel Kokalla MAIGA a présidé une réunion du Conseil de cabinet sur la problématique de la carte NINA. Ce qui a abouti à la rencontre d’aujourd’hui.
Dans son message adressé à ses collaborateurs, le ministre de Ministre des Maliens établis à l’extérieur et de l’intégration africaine, Alhamdou Ag ILYENE, a été très compatissant, mais ferme « Je vous encourage à faire diligence sur ce travail, car vous avez le sort de beaucoup de nos compatriotes. La situation est très préoccupante, il y a des gens dont les entreprises sont en train d’aller en faillite, parce que dans ces pays, il faut avoir un état civil à jour. Il y a des gens qui sont en train de perdre leurs emplois, des gens qui sont dans des immeubles et du jour au lendemain, ils se retrouvent dans la rue à cause de ces papiers » a plaidé Alhamdou Ag ILYENE.
Pour la secrétaire générale du ministère, Madame TANGARA Neima GUINDO, il y a 14191 dossiers des Maliens établis en France qui ont été réceptionnés « Ces dossiers vont aller tout de suite à la délégation générale des Maliens de l’Extérieur qui est chargée du premier traitement du dossier. Ils vont trier les dossiers, car il y a deux sortes de cas : les traitements mineurs, c’est-à-dire s’il y a une petite erreur dans la transcription du nom ou du prénom, elles seront corrigées au centre national d’état civil et le deuxième cas sont les traitements majeurs qui concerne l’identité où les dossiers seront traités au niveau de la justice » a expliqué Madame TANGARA Neima GUINDO.
A noter que la délégation générale des Maliens de l’Extérieur a une équipe mise en place pour traiter rapidement les dossiers, afin de les envoyer au ministère de la justice qui va faire encore le dépouillement à son niveau et qui transmettra ensuite le premier lot à l’administration territoriale. Le second lot sera envoyé au niveau des tribunaux chargés de gérer ces différents cas devant les mandataires.
Charles MESSE