Editorial de Charles MESSE: Entreprenariat jeune, le Mali monte, en queue de peloton
Ainsi les résultats du concours panafricain lancé par la fondation ELUMELU, pour sélectionner les meilleurs Startupeurs, viennent de tomber: sur les 200 000 participants, 1000 candidatures ont été retenus, et parmi ce millier, seul 7 Maliens y figurent contre 106 Ghanéens, 30 Ivoiriens et 25 sénégalais.
Ce score vient de révéler une fois encore, la problématique de l’entrepreneuriat jeune au Mali. Face à la difficulté des secteurs public et privé d’offrir des emplois décents aux jeunes diplômés, nombreux sont ceux qui débordent d’idées et créent des projets pour accélérer la révolution numérique au Mali. La facilitation de l’accès à internet, l’abondance et le prix abordable des smartphones au Mali, ont été les éléments qui ont favorisé cette nouvelle forme d’entreprenariat qu’on appelle start up.
Mais parmi leurs projets, très peu rencontrent le succès, pour cause de nombreux obstacles qui se drainent : la principale difficulté pour les jeunes entrepreneurs demeure l’accès au capital. En effet, les banques et les entreprises ne savent pas ce qu’est une start-up, elles sont allergiques aux risques et ne veulent pas acheter une idée. Et les taux d’intérêt sont beaucoup trop élevés. Il faudrait que davantage de start-up parviennent à lever des fonds. A cela, s’ajoute le problème d’accompagnement et de performance des structures d’incubation des jeunes.
Mais ces défis loin de décourager, ne freinent pas l’ardeur et la volonté entrepreneuriale de la jeunesse qui y voit une opportunité d’auto emploi. L’entrepreneuriat apporte des solutions innovantes pour l’émergence du pays, trouve des solutions adaptées à ses défis. Dorénavant pour les jeunes Maliens, les défis sont des opportunités à saisir et à exploiter.
Dans cet environnement peu propice à l’entreprenariat jeune, il y a souvent des opportunités. Le gouvernement vient d’afficher, sa volonté de faire du secteur numérique un levier du développement. Cette volonté est même suivie par des actes concrets. Comme l’élaboration du document Mali Numérique 2020, qui répertorie 6 axes prioritaires stratégiques, 19 initiatives et 66 actions, pour faire de l’Internet un secteur créateur d’emplois et de richesses. Les six grands axes prioritaires de ce document déjà adopté par le conseil des ministres sont: généraliser l’accès aux réseaux et services numériques, développer la production et l’offre de contenus numériques, développer et diversifier les usages et services numériques, développer l’industrie locale du numérique, constituer le capital humain et instaurer la confiance numérique.
A cela s’ajoutent des privés et des entreprises multinationales pour booster ce secteur par excellence, qui crée le plus d’emplois et de richesse pour le Mali, d’où l’intérêt des jeunes. le numérique peut et doit contribuer au rayonnement du Mali sur le plan international surtout s’il est porté par des jeunes entrepreneurs Maliens sur le sol malien. Le Groupe Famib de Amadou DIAWARA, vient de mettre à la disposition des jeunes Maliens, une université numérique, consistant à déployer une plateforme de formation adaptée au contexte malien et s’appuyant sur des ressources numériques. Ce concept novateur fait partie des exemples d’évolution de l’écosystème entrepreneurial jeune au Mali. Même s’il faut noter quelques améliorations notables pour les startups au Mali, le chemin reste encore long à parcourir.
Sur le plan international, ce sont les startups qui portent l’innovation et les innovations proposées par les géants de ce monde viennent souvent de petit ou de moyennes startups. L’Afrique francophone représente une très petite portion des fonds qui sont alloués à l’Afrique principalement aux start ups. Au Mali, avec le manque de véritable haut débit, il est difficile d’être compétitif sur le plan sous-régional. Un forfait de 10 Gb/mois de connexion à la toile mondiale reste coûteux et lente.
C’est fort de cette évidence, que le sommet des investisseurs africains, a été organisé à Bamako, pour montrer au reste du monde, qu’il y a une communauté avec des grands acteurs. Parmi les finalistes devant postuler pour lever les fonds, le Mali reste encore parmi les derniers. Le but du sommet est de fédérer les efforts, amener autour d’une même table les réalisateurs du secteur privé, les gouvernants, les universitaires, les multinationales, les banques pour pouvoir renforcer l’écosystème entreprenariat, seul un écosystème bien structuré a la possibilité d’accompagner des startups compétitif, afin de pouvoir lever des fonds pour le financement de son développement.
Certes, au Mali, l’entreprenariat jeune marche à grands pas, mais traine encore les pas au niveau sous régional.
Charles MESSE