Réunion d’échange du ministère de commerce
L’hôtel Sheraton de Bamako a servi de cadre le mardi 9 juin 2019 à une réunion d’échange entre le ministre de l’Industrie et du Commerce Mohamed AG ERLAF, et les opérateurs économiques issus de la chambre de Commerce et d’Industrie du Mali (CCIM), de l’organisation pour la promotion de l’Industrie (OPI) et du conseil national du Patronat du Mali (CNPM).C’était en présence du président de la CCIM Youssouf BACHILY, du président de l’OPI Cyril ACHKAR, du représentant du CNPM Mohamed DIALLO
Deux communications ont marquées ce dialogue entre le secteur public et le secteur privé. La première concerne la politique de développement industriel. Selon le conférencier, les défis de l’industrialisation du Mali sont énormes et variés. Le secteur souffre entre autres du déficit d’infrastructures de base telles que la vétusté des installations, le manque des routes et d’énergie, l’insuffisance des ressources humaines qualifiées, le manque de financement, la contrebande, la concurrence déloyale, la fraude et le poids fiscal. Le Mali importe encore en grande quantité des biens de consommation qui pourraient être produits localement. Et la réalité est aussi là que dans plusieurs cas, la production, la transformation et la valorisation ne peuvent être faites, faute d’infrastructures industrielles adaptées. Dans ce secteur qui reste jusque-là le parent pauvre de l’Administration, le nouveau ministre a du pain sur la planche. Comme pour dire que les défis qui l’attendent sont énormes.
La deuxième communication qui a porté sur la création et l’entrée en vigueur de la zone de libre-échange continental (ZLECA), embryon d’un marché unique à l’échelle du continent africain. L’objectif est d’établir un marché intégré de plus de 1,2 milliard d’habitants, pour les biens et les services et incluant la libre circulation des personnes et des capitaux. Adopté par 44 chefs d’État à Kigali, le 21 mars 2018, l’entrée en vigueur effective de l’accord était conditionnée par sa ratification par au minimum 22 États. Avec la Gambie, au début avril 2019, ce fut fait : 22 Parlements nationaux l’ont désormais ratifié. Cet accord est l’aboutissement d’une longue histoire, née avec le panafricanisme des indépendances, le rêve de Kwame NKRUMAH d’une « Union des États africains ». Si elle est effectivement mise en place, la ZLEC sera la plus grande du monde.
Pour le ministre de l’Industrie et du Commerce Mohamed AG ERLAF, il s’agit d’un exercice qui se veut régulier et autour duquel, l’on abordera les questions essentielles pour le développement des secteurs de l’industrie et du commerce.
Plusieurs opérateurs économiques ont pris la parole pour exprimer leur satisfaction de voir enfin le gouvernement dialoguer autour de la même table avec les operateurs économiques. Toutefois, plusieurs d’entre eux ont estimés que le Mali n’est pas prêt pour rentrer dans une quelconque zone économique continentale. Les motifs avancés par certains sont relatifs à la mauvaise qualité des produits maliens qui ne sont pas en mesure de compétir avec des pays tel que le Maroc. La rencontre a pris fin sur une note de satisfaction. Espérons que les propositions apportées par cette rencontre ne soient pas une fois de plus, rangées dans les tiroirs.
Isabelle DOVI