Editorial de Charles MESSE: l’émergence d’un secteur privé malien fort, dynamique, compétitif et créateur de richesse et d’emplois
A quel niveau se situe la création de richesse dans la société malienne actuelle ? Quel rôle joue, et doit jouer le patronat dans le développement économique du Mali? Le Mali peut-il à terme compter sur un secteur privé fort, libre et compétitif, susceptible instigateur d’un tauxde croissance, permettant de jeter les bases d’un développement économique et social, inclusif et durable malgré un contexte sécuritaire fragile ?
C’est pour apporter une réponse juste et pragmatique à ces interrogations que les 35 organisations professionnelles réunis au sein du patronat se sont levées comme un seul homme, pour décider, en toute responsabilité de prendre les taureaux par les cornes, en créant une tribune libre pour inviter les 23 candidats à l’élection présidentielle de 29 juillet, à décliner les grandes orientations de leur programmes de société et à partager avec eux les préoccupations qui sont les siennes. Cette démarche du patronat voit le jour à une période charnière où toute initiative d’espèce pourrait paraître un sursaut de détresse.
En effet, les dures réalités socio-économiques offrent le théâtre d’une personnalité dégradée de l’entrepreneur malien désespérément en proie à la corruption sous toutes ses formes, aux dysfonctionnements public-privé, au manque de crédit à travers la frilosité des banques, à l’inadaptation des services financiers offerts par les banques aux des entreprises, à l’environnement fiscal lourd et non incitatif, à l’étroitesse de l’assiette fiscale, au taux exacerbé des entreprises évoluant dans le secteur non structuré, à l’insuffisance de garanties juridiques découlant des contentieux liés aux affaires, compte tenu de la non maîtrise des textes de l’OHADA par certains acteurs, à l’absence de main d’œuvre qualifiée répondant aux besoins réels des entreprises, et à l’inadaptation des fonds de garantie existants en considération des besoins réels des opérateurs économiques.
Mais le sentiment qui a prévalu à la prise de cette décision, est bien plus qu’un sentiment de détresse, c’est surtout le fruit d’une prise de conscience du rôle participatif du patronat, dans l’atteinte des objectifs de développement socio-économique du Mali. De mémoire d’homme, le patronat n’a jamais été autant plus sérieux dans son engagement à redorer le blason et à retrouver les lettres de noblesse d’un secteur privée agonisant. Aujourd’hui, l’heure est au lobbying pour inciter le pouvoir qui sera mis en place pour les 5 ans à venir, à la mise en place d’une politique économique qui laisserait de plus en plus la place au secteur privé, malgré la présence des fonctionnaires véreux, réticents à la numérisation dans les administrations publiques, aux fins de fraudes et de pratiques peu orthodoxes.
Une fois élu, le nouveau président va devoir composer avec le secteur privé en partenariat gagnant-gagnant pour jeter ensemble, les bases d’une réforme économique en faveur du secteur privé et régler un sérieux problème économique: celui de la création, de la rétention et de la redistribution des richesses, au risque de voir transformer le secteur privé en une épine sous ses pieds.
L’enjeu final, c’est l’émergence d’un secteur privé malien fort, dynamique, compétitif et créateur de richesse et d’emplois, à travers la mise en place d’une politique de protectionnisme des investisseurs nationaux, l’autofinancement, l’élargissement et la consolidation d’une classe moyenne. C’est l’émergence d’un Mali stable, apaisé, et résolument engagé sur le chemin de la croissance économique.