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Mali: Interview avec le piroguier et guide touristique, Daouda BADADERE dit capitaine Diouf

Daouda BADADERE dit capitaine Diouf,  est le dogon émigré sur le fleuve Niger. Piroguier et guide touristique, il propose des promenades-découvertes sur le fleuve  Niger qui traverse Bamako, la capitale malienne. Il s’emploie à agrémenter la traversée de ses passagers en groupe ou solitaire, par des contes, récits et l’historique des éléments tout au long du trajet.

Journal la Réussite Mali: Pouvez-vous nous parler de votre métier ?

Daouda BADADERE dit capitaine Diouf: j’ai connu  l’amour du fleuve Niger au début des années 2000, lorsque je travaillais dans les agences de voyages touristiques à Mopti. Mais depuis la crise de 2012, tout a basculé pour l’agence de voyage, alors je suis venu chercher du travail à Bamako. Le fleuve étant vide à cette époque,  j’ai emprunté  une pirogue auprès du chef du village de Badalabougou et j’ai démarré mes activités à mon propre compte en 2015. Ce qui m’a permis de mettre de l’argent de côté pour acheter ma première pirogue. En 2019, j’ai acheté une deuxième pirogue.

Journal la Réussite Mali : combien coûte une traversée, un tour ?

Daouda BADADERE dit capitaine Diouf: Je propose à mes clients trois options :

  • Une traversée aller-simple  à 3000 FCFA ;
  • Une balade à 5000 FCFA l’heure et par personnes, boissons et légère collation incluses ;
  • Un tour de 4H avec apéro et visite des îles.

Journal la Réussite Mali : Qui sont vos clients ?

Daouda BADADERE dit capitaine Diouf: Mes clients sont généralement des expatriés et des militaires. Ils sont pour la plupart des cas, bloqués à Bamako.

Vous n’êtes pas sans savoir qu’à cause de l’insécurité qui sévit actuellement au Mali, notre pays est classé dans la zone rouge par les pays occidentaux. Ainsi certaines zones touristiques sont fortement déconseillées par les occidentaux à leurs ressortissants. C’est pourquoi, j’ai sauté sur l’opportunité  créée par cette situation, pour leur proposer  des offres alléchantes, notamment  des balades sur le fleuve à l’intérieur de la capitale, pour leur permettre de se décontracter.

Journal la Réussite Mali : Pouvez-vous nous parler de vos sources de financement de démarrage ?

Daouda BADADERE dit capitaine Diouf: j’ai reçu de l’aide au début de ma carrière,  du directeur de l’hôtel Badala. Il a financé l’achat du moteur de ma première pirogue. Et j’ai financé celui de ma deuxième sur fonds propres.

Actuellement, je suis en train de travailler sur un grand projet, qui est financé par l’ONG Swisscontact. Il s’agit de la création d’un restaurant flottant sur une île, que j’ai achetée et baptisée « l’île du bonheur ». La construction de ce restaurant a commencé par le ponton qui est situé à l’hôtel Mandé.  Il y aura bientôt la mise en place des paillotes, des toilettes, et la fabrication des meubles. Mon objectif est de pouvoir offrir à mes clients, un service complet. C’est-à-dire, faire une balade en pirogue bien équipée suivi d’un pique-nique sur « l’ile du bonheur ».

Mon nouveau projet, c’est de créer un restaurant flottant. Je veux vraiment rentrer dans l’évènementiel et grâce à l’ONG, le projet de restaurant flottant va voir le jour. J’ai le savoir-faire, plus les matérielles et je pense que mon projet devra bien marcher.

Journal la Réussite Mali : Quelles sont les difficultés auxquelles vous faites face ?

Daouda BADADERE dit capitaine Diouf: C’est la pandémie de la covid-19. Sans ce virus, il n’y a rien qui peut m’arrêter. Depuis que je me suis lancé dans ce métier, je n’ai jamais eu de difficulté. Cela a vraiment beaucoup joué sur mon travail,  parce que normalement, maintenant c’est notre saison,  mais à cause de cette pandémie, les clients ne sont pas beaucoup.

Journal la Réussite Mali : Votre fin de mot ?

Daouda BADADERE dit capitaine Diouf: Quand on se consacre à 100% dans quelque chose, ça paye forcement.

Propos recueillis par Maria RAMAROSON