ActualitéEchos des écoles et universitésEducationEntreprenariatInterview

Mali: Interview avec la fondatrice et directrice générale d’African Business School (ABS), Mme Sokhna Maryama THIAM

African Business School (ABS) est une université située au cœur de Bamako et qui vise à impulser un leadership jeune africain, notamment malien. Pour gagner ce pari, l’ABS s’appuie sur un programme pédagogique basé essentiellement sur la transmission des valeurs africaines et le développement personnel. Aussi, elle créée une ouverture entre ses étudiants et le monde universitaire étranger, en permettant à ses étudiants de faire des voyages d’études dans les pays étrangers.

Journal la Réussite Mali: vous investissez dans l’éducation depuis un certain temps, pouvez-vous nous parler du début et de l’évolution de African Business School?

Mme Sokhna Maryama THIAM: Nous avons commencé très difficilement. Car lorsqu’on démarre une activité sur fonds propres, c’est toujours compliqué, mais la chance que j’ai eue, est que je suis dans le domaine depuis près de 15 ans et cela fait que nous arrivons à surmonter certaines difficultés.  C’est peut-être çà, qui nous fait tenir jusqu’à présent.

 Ce fut un réel défi pour nous, tout simplement parce qu’il y a certains parents d’étudiants qui s’intéressent plus aux coûts qu’à la qualité des programmes. Selon eux, nos tarifs sont un peu plus élevés, mais nos étudiants sont très satisfaits des enseignements dispensés, parce que quand ils se comparent aux étudiants des autres universités, ils trouvent nos programmes plus avancés et bien corsés. Donc, ils comprennent la différence des coûts.

Pour qu’il y ait une bonne formation, il faut des professeurs de bonnes qualités, et il faut investir dans l’éducation. C’est ce qui amène ces différences de coût.

Journal la Réussite Mali: Parlez-nous alors de vos motivations ?  

Mme Sokhna Maryama THIAM: Ce qui me motive, c’est de pouvoir participer au développement du Mali, du Sénégal et de l’Afrique. Et pour cela, il faudrait penser aux jeunes et à leur éducation et c’est ce que nous sommes en train de faire.

Journal la Réussite Mali: Quelle est la particularité de African Business School?

Mme Sokhna Maryama THIAM: Ah j’adore cette question (rire). Chez nous à African Business School, nous mettons un accent particulier sur l’international. Il est au cœur du projet de développement pédagogique de ABS. Parce qu’aujourd’hui, la concurrence est rude et ce qui fait la différence, ce sont les connaissances, les compétences, l’expérience et le diplôme. Et nous tenons à tous ces facteurs qui peuvent aider nos étudiants à être indépendants, à être en phase avec les besoins des entreprises et libres de leurs choix surtout.

Autre chose, nous avons des voyages d’études. C’est une véritable expérience internationale, c’est un programme de développement personnel et de découverte de soi. Le programme est   très riche et permet à nos étudiants d’effectuer des rencontres à l’étranger. De nos jours, il faut une ouverture. Nous n’allons pas seulement nous focaliser sur le Mali, nous donnons l’opportunité à nos étudiants d’effectuer des activités à l’étranger, tout comme les autres le font au Mali.

Journal la Réussite Mali: Quelle est la place de l’entrepreneuriat à African Business School?

Mme Sokhna Maryama THIAM: L’entrepreneuriat a une place capitale à African Business School. Car aujourd’hui, il faut donner le choix à l’étudiant, c’est-à-dire d’avoir deux options : l’auto emploi ou bien emploi salarié dans une entreprise. Il faut qu’il y ait un choix à faire et pour cela, il faut apprendre à l’étudiant à être indépendant, et bien l’outiller.

Journal la Réussite Mali: Une statistique de la Banque mondiale stipule que 300 000 étudiants diplômés sont déversés chaque année sur le marché de l’emploi. Votre commentaire?

Mme Sokhna Maryama THIAM: Ce qui est important à mon avis, c’est de mettre en place des filières qui sont en phase avec le marché d’emploi.  C’est très important par rapport au besoin économique. Parce que former pour former et qu’après les gens se promènent pour chercher des emplois en vain, n’est pas souhaitable. Ce qu’il faudrait, c’est de mettre en place des filières porteuses, des filières qui sont en phase avec nos réalités. A l’étranger, notamment en France, tout ce qu’on vous apprend est lié à l’Europe. Et pourquoi chez nous en Afrique, les programmes vont encore se focaliser sur l’Europe, au lieu d’enseigner sur l’Afrique et après, une culture générale sur le reste du monde?

Journal la Réussite Mali: Une étude récente révèle qu’en 2050, le Mali sera confronté à une situation telle que les jeunes de moins de 30 ans, seront plus de la moitié de la population. Et que le Mali pourrait tirer avantage de ce flux, s’il arrive à créer suffisamment d’emplois décents. En cas d’échec, ce sera la catastrophe. Dites-nous, si l’entrepreneuriat peut être une solution à cette situation?

Mme Sokhna Maryama THIAM: Oui, l’entrepreneuriat peut-être une solution. Mais, la chose la plus importante est de mettre l’accent sur l’éducation. Parce que, c’est le moteur du développement. Il est temps de revoir tout le système éducatif malien et c’est très important. L’éducation: c’est la base de tout.  Il faut miser sur l’éducation, la santé, l’entrepreneuriat, l’alphabétisation des filles et les choses iront mieux. Regardez les pays développés, et surtout leurs femmes, car on oublie généralement cet aspect des choses. Il faut une communication et une sensibilisation agressives sur cet aspect, afin que tout le monde puisse comprendre l’importance de l’éduction et surtout soutenir les femmes.

Journal la Réussite Mali: votre mot de fin?

Mme Sokhna Maryama THIAM: La femme est une force émancipatrice qui maintient le monde en équilibre. 

Propos recueillis par Charles MESSE