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Mali: Interviews du directeur général de l’INTEC SUP, Boubacar KANTE

« Nous avons aussi un bureau  d’études financières, qui accompagne les projets d’entreprise »

L’Institut supérieur des techniques économiques, comptables et commerciales (INTEC Sup) vient de recevoir l’accréditation à 100% de ses diplômes, soumis à l’évaluation du conseil africain et malgache pour l’Enseignement supérieur (CAMES). Une manière de certifier la qualité et la reconnaissance de cette université malienne, au niveau international. Son directeur général, Boubacar KANTE nous a reçus la veille de cette bonne nouvelle, dans son bureau sis à l’ACI 2000, pour  parler de sa tendance pour l’entrepreneuriat.

Journal lareussitemali.com: Vous êtes dans la promotion des écoles de l’INTEC-SUP depuis des années, quel bilan peut-on faire de votre parcours ?

Boubacar KANTE: Effectivement, nous allons bientôt fêter les 10 ans d’existence de l’INTEC-SUP. Nous pensons que 10 ans, c’est l’âge de la renaissance. Nous estimons que nous avons contribué et nous continuons à contribuer  à l’amélioration de la qualité de l’enseignement supérieur au Mali et dans la sous-région.

Journal lareussitemali.com: Quelle est la particularité de l’Intec-sup et de son modèle économique ?

Boubacar KANTE: INTEC-SUP a la spécificité d’être non seulement un groupe de formation, mais aussi un bureau  d’études financières qui accompagne les projets d’entreprise. Donc un cabinet qui est entièrement intégré pour promouvoir les projets, financer les entreprises et accompagner les entreprises et les étudiants entrepreneurs.

Concernant son modèle économique,on essayé d’avoir un modèle structurant. L’enseignement supérieur est le socle du développement, et pour le faire, il faut bien former, bien investir dans les infrastructures, et dans la technologie. Et pour couronner tout ça, il faut avoir des ressources humaines  de qualité, afin d’espérer à moyen terme,  former des compétences pour le marché de l’emploi, pour l’économie  nationale et sous régionale.

Journal lareussitemali.com: Dites-nous, de manière concrète, quelles sont vos réalisations dans le domaine de l’entreprenariat ?

Boubacar KANTE: Moi-même, je suis banquier/ financier de formation, et la banque par essence, finance les entreprises. Donc, en nous installant dans le secteur de l’éducation, notamment de l’enseignement supérieur, c’est pour véritablement apporter notre contribution, notre expertise à nos jeunes qui veulent se lancer dans l’entreprenariat. Ce qui veut dire que lorsqu’un jeune vient  à l’Intec-sup, avec une idée d’entrepreneuriat en tête, ce sont d’abord ses professeurs qui l’aident à mûrit son idée. Ensuite,  nos collaborateurs en cabinet travaillent à ficeler le projet, et à le rendre finançable. Et c’est cela l’entreprenariat. Ça veut dire que nous accompagnons depuis l’idée jusqu’ à  la mise en œuvre du projet d’entreprise et nous sommes prêts à accompagner l’entreprise pour sa croissance,  pendant toute sa période de croissance jusqu’ à ce qu’elle soit viable  et autonome.

Journal lareussitemali.com: Pourquoi justement vous avez mis un accent particulier sur le domaine de l’entreprenariat ?

Boubacar KANTE: Parce que malheureusement, le tissu économique ne permet pas aujourd’hui, de donner un emploi salarié à tous les jeunes, notamment  les diplômés de l’enseignement supérieur. Alors, il faut imaginer, comment nous pouvons faire pour que certains puissent avoir la confiance en eux-mêmes, pour se lancer, et créer leur propre entreprise. Or, créer sa propre entreprise, c’est aussi créer des emplois. Donc, recruter des employés quand l’entreprise va grandir. Toutes politiques dans le monde visent à assurer le plein emploi. Créer de l’emploi pour la jeunesse, c’est un défi pour notre pays, mais aussi pour tous les pays du monde entier. Comprenons donc cela, nous insérons dans une dynamique qui puisse favoriser  la confiance aux jeunes, afin d’éclore le talent en eux, pour  s’auto-employer et créer de l’emploi.

Journal lareussitemali.com: Une étude récente a révélé qu’en 2050, le Mali sera confronté à un défi de créer suffisamment d’emplois stables. Et qu’en cas d’échec, les conséquences seront très graves  pour l’économie du Mali. A votre avis, l’entrepreneuriat est-il une solution à ce problème ?

Boubacar KANTE: Nécessairement, l’entreprenariat va  contribuer de façon  substantielle  à réduire le risque que vous  préconisez  à l’horizon du 2050. Parce que je disais on va  inciter et accompagner les jeunes. On va les rassurer et les mettre en confiance, afin qu’ils aient confiance en eux-mêmes, et qu’ils acceptent d’éclore leur génie créateur. Et en ce moment, ils vont contribuer nécessairement à  réduire  ce défi,  au moins à accompagner l’Etat, dans la création d’emploi pour que ce défi soit atténué à l’horizon 2050.

Journal lareussitemali.com: Selon la banque mondiale, plus de 300 000 jeunes diplômés sont déversés sur le marché d’emploi chaque année, quel commentaire faites-vous de cela ?

Boubacar KANTE: Oui, nous avons malheureusement les économies assez étroites, qui ont une capacité relativement faible d’absorption, des flux des jeunes qui viennent sur le marché tous les ans. C’ est pourquoi le défi est réel. Mais, je ne souhaite pas être alarmiste. Travaillons donc, car nous avons une démographie qui est aujourd’hui un défi, mais aussi une opportunité  pour accompagner ces jeunes à s’insérer et à croire en eux-mêmes, à prendre des initiatives et à travailler dur.

Journal lareussitemali.com: Lors du passage des examinateurs des évaluateurs du CAMES ? Deux choses ont retenu leur attention: l’investissement dans les infrastructures et les équipements d’une part, et la qualité d’enseignement d’autre part. Dites-nous, qu’est-ce qui vous a motivé à investir autant d’argent dans l’éducation ?

Boubacar KANTE: Comme l’autre penseur disait : « un pays qui est bien éduqué est un pays qui gagne ». L’éducation est le socle du développent et ça,  c’est par conviction que je le dis. L’enseignement supérieur est un segment extrêmement important sur lequel les jeunes se construisent, ils se forment. Il faut donc des compétences pour cela, il faut des cadres. Les infrastructures,  c’est le cadre d’épanouissement de ces talents, pour qu’ils puissent travailler dans de meilleures conditions possibles. Ensuite, il faut investir dans les outils d’innovations. C’est évident et l’autre segment extrêmement utile ce sont les ressources humaines, donc une bonne formation, c’est une bonne qualité de ressources humaines, c’est-à-dire des enseignants qui sont appelés à transmettre la connaissance et les compétences.

Nous pensons que sur les trois segments, c’est extrêmement important qu’il faut investir dans l’infrastructure, il faut investir dans la technologie mais aussi il faut investir dans les ressources humaines de qualité pour une meilleure qualité de formateurs pour avoir demain des produits compétents sur le marché national et aussi qui peuvent aller à l’international .

Journal lareussitemali.com: Quel est votre mot de fin?

Boubacar KANTE: Je vous remercie d’être venus pour nous donner encore l’opportunité de parler à cette jeunesse, de dire aux jeunes que c’est possible, que nous pouvons  amorcer l’’émergence dans nos pays, ce n‘est pas facile mais c’est par le travail qu’on va le faire.

Propos recueillis par Charles MESSE et Maria RAMAROSON