InterviewInvestissement

Interview : « Le CNPV a été la première structure étatique à mener une action dans la nouvelle région de Taoudéni » dixit Issa MARIKO

Issa MARIKO est le Directeur Général adjoint du centre  national de Promotion de Volontariat au Mali (CNPV). Il a reçu l’équipe de la rédaction du journal « la Réussite Mali », le lundi 31 août 2020 aux environs de 14 heures 30 mn, dans son bureau sis au siège du CNPV à l’ACI, non loin de la place CAN. Nous vous proposons l’entretien exclusif.

La Réussite Mali: Veuillez nous présenter les objectifs et missions assignés au centre  national de Promotion de Volontariat au Mali (CNPV) ?

Issa MARIKO: Avant de parler des objectifs et des missions assignés au CNPV, il faut d’abord parler de l’institutionnalisation du volontariat au Mali. Le volontariat a toujours existé au Mali depuis la nuit des temps. C’était d’abord un projet appuyé par les Nations Unies, « les volontaires des Nations Unies ». Vu l’importance de ce projet, la CEDEAO et de l’Union Africaine ont demandé à tous les Etats membres, de créer des structures chargées de la promotion du volontariat. Pour concrétiser cette volonté des chefs d’Etat de l’Union Africaine, notre pays le Mali a crée le CNPV par la loi n°2011 052 du 28 juillet 2011, en qualité d’établissement Public à caractère administratif. Il est doté de personnalité morale et d’autonomie de gestion, et placé sous la tutelle du ministère en charge de la jeunesse. Un centre très jeune qui est à ses débuts et tend vers ses dix ans.

Le centre du volontariat a pour mission, la promotion et la gestion des volontaires nationaux; contribuer à l’élaboration et à la mise en œuvre de la politique nationale du volontariat; élaborer et mettre en œuvre une stratégie de communication  autour du volontariat; favoriser la création des associations du volontariat; favoriser le volontariat; développer la coopération et le partenariat avec des organismes similaires publiques et privés, nationaux et étrangers, gérer les volontaires;  former les volontaires et suivre les volontaires et les structures d’accueil.

La Réussite Mali: Qui, quand et à quelle condition peut-on bénéficier des services du centre  national de Promotion de Volontariat au Mali (CNPV)?

Issa MARIKO: Pour être volontaire en République du Mali, il faut jouir de ses droits civiques, avoir une qualification professionnelle. Le volontariat n’est pas une question de diplôme, mais plutôt de l’engagement civique et patriotique. Vous avez une expertise dans n’importe quel domaine, que ce soit dans le domaine de l’agriculture, de l’électricité, de la plomberie,  de l’enseignement, de l’éducation, de la santé . . .

Nous mobilisons des volontaires pour aider les communautés. Le contrat de volontaire a une durée de deux ans. Chaque deux ans, l’Etat mobilise les volontaires nationaux et nous sommes au quatrième contingent, leur mandat prend fin le 31 décembre prochain. Avec les partenaires aussi, nous mobilisons des volontaires, cette année avec la crise scolaire, nous avons été sollicités par les plus hautes autorités, le ministère de l’Education pour mobiliser des enseignants volontaires pour venir appuyer l’éducation. A ce titre nous avons signés un partenariat avec le ministère de l’Education pour mobiliser 15. 300 volontaires. Nous n’avons pas pu mobiliser les 15. 300 volontaires, mais nous avons mobilisé 9000 volontaires qui ont appuyé le ministère de l’Education. Ces volontaires ont été engagés pour six mois, leur contrat prend fin aujourd’hui à minuit (31 août2020).

Parallèlement, nous avons un partenariat avec le PNUD, nous mobilisons des volontaires dans les domaines de l’accès aux services sociaux de base, dans les domaines de la prévention des conflits. Le volontariat, c’est dans tous les domaines. Nous sommes présents sur l’ensemble du territoire national dans toutes les régions du Mali. Nous avons beaucoup d’activités surtout dans les zones de conflits. Le CNPV a été la première structure étatique à mener une  action dans la nouvelle région de Taoudéni. A l’instant « T » depuis la réouverture des cours à Kidal, c’est les volontaires du CNPV qui dispense les cours.

Dans les régions du nord, nous avons privilégiés  le domaine de l’Education et de la Santé. Nous avons mis la priorité sur ça, nous avons des coordinateurs partout qui sont au four et au moulin.

La Réussite Mali: Quels sont les impacts de la pandémie du covid-19 sur les activités du centre  national de Promotion de Volontariat au Mali (CNPV)?

La crise engendrée par le covid-19n’a pas eu d’impact significatif sur le travail proprement dit du volontariat, mais elle a amené un certain ralentissement au niveau de l’administration du CNPV, à cause de la rotation et avec la maladie, il fallait à la demande des autorités, faire  des rotations. En ce qui concerne la gestion des volontaires, la maladie n’a pas eu d’impact dans la mesure où les volontaires reçoivent régulièrement leurs allocations. C’est important de le savoir à la fin du mois, nous accordons ce qu’on  appelle l’indemnité de subsistance au volontaire. Les volontaires à chaque mois reçoivent une indemnité de subsistance de 50 000F par mois. Le volontariat, c’est vraiment l’égalité parfaite. Quand tu es docteur ou agrégé, dans le domaine du volontariat, tu touches 50 000F à la fin du mois. C’est vraiment l’engagement patriotique, le don de soi. Concernant les volontaires de l’éducation, en plus des 50 000F, nous accordons des indemnités de  communication et d’autres. Pour les volontaires de l’enseignement fondamental, ils ont 75 000F par mois, pour les volontaires du secondaire ils ont 85 000F à la fin de chaque mois.

Nous souhaitons vivement que le projet de l’éducation soit renouvelé, déjà les bénéficiaires ont demandé à ce que ce projet soit reconduit l’année prochaine.

A cause de cette crise notre projet de mobilisation de 30 000 volontaires pour le recensement général de la population et de l’habitat en partenariat avec l’INSTAT a été suspendu. J’avoue que la maladie a quand même freiné le projet, nous envisageons d’autres projets. Nous avons beaucoup œuvré dans la sensibilisation pour la Covid19, nous avons été l’une des premières structures à organiser une caravane quand la maladie est venue. Nous avons distribué des kits à des associations, les gares, les marchés, nous avons mené vraiment une campagne pour sensibiliser nos compatriotes  sur les mesures barrières. Nous espérons tant bien que mal à faire de notre mieux.

En réalité au Mali tout le monde doit être volontaire, parce que nous sommes un pays sous développé, les gens ont des compétences qui dorment en eux. Au lieu de passer la journée dans les grins, mieux vaut aller apporter cette expertise aux jeunes qui en ont besoin.

Nous avons mis des volontaires à la disposition de la MINUSMA pour continuer la sensibilisation sur un contrat de six mois. Ces volontaires sont toujours en activité. Naturellement à cause de la maladie, il y a eu une coupe drastique budgétaire. Il ne faut pas oublier que l’Etat a décidé de consacrer le tiers du budget national pour la lutte contre la maladie.  Cela crée des tensions de la trésorerie.

La Réussite Mali: Quel est votre mot de fin?

Nous sommes en train de développer le volontariat sud-sud et dans ce cadre, nous avons fait une expérience pilote avec le Togo. Nous avons envoyé des volontaires maliens au Togo et les Togolais ont envoyé les volontaires Togolais chez  nous. Nous sommes en train de développer un autre concept qui est le volontariat d’intégration. Donc lorsque nous allons recruter des volontaires au Mali, s’il y a un Burkinabé qui postule, il peut être volontaire, s’il y a un Sénégalais qui postule, il peut être volontaire également. La même manière lorsqu’il s’agit de recruter un volontaire au Sénégal, s’il y a un malien qui postule, il peut être volontaire, c’est cela  le concept de volontariat d’intégration.

Propos recueillis par Philippe Charles le Bon MESSE